Bien préparer et découper son tissu : poser les bases d’un projet couture réussi

Merci pour vos nombreux retours sur mes deux premiers articles consacrés aux tissus : d’abord le choix du bon tissu (à relire ici), puis son entretien et son rangement malin (à découvrir ici).
Vous avez été nombreuses à me dire que ces conseils vous ont aidées à aborder vos projets plus sereinement.
Et visiblement, ma fiche Tissuthèque vous a bien plu aussi : vous êtes déjà plus de 2 500 à l’avoir téléchargée — je me sens beaucoup moins seule dans la team “tissus-addict” 😄 !

✂️ Et maintenant ? On le coupe ce tissu ?

Après avoir soigneusement choisi, lavé, repassé et rangé votre tissu, une nouvelle étape clé vous attend : la préparation de la coupe.

C’est une phase que l’on a parfois tendance à expédier, trop pressée de passer à la machine (je vous rassure : on est toutes pareilles 😉). Et pourtant, tout commence ici...
Un tissu mal orienté, un droit fil négligé ou une marge oubliée, et c’est tout votre projet qui peut en pâtir : couture qui vrille, jambe avec les motifs à l'envers, finitions ratées, vêtement trop petit…

Dans cet article, je vous guide pas à pas pour bien préparer et découper votre tissu, sans stress ni approximation :
👉 comment le (re)mettre au droit,
👉 placer vos pièces de patron correctement,
👉 vérifier le droit fil,
👉 ajouter les bonnes marges,
👉 et découper avec précision.

🎁 En bonus : à la fin de l'article vous trouverez même une check-list à télécharger et à garder près de vos ciseaux, pour ne plus jamais rien oublier avant de couper !

🧺 Rappel avant toute chose : tissu lavé, tissu repassé

Commençons par un rappel essentiel : on ne coupe jamais un tissu qui n’a pas été préalablement lavé (ou décati), et repassé soigneusement.

Pourquoi ? Parce que la plupart des tissus naturels rétrécissent au premier lavage. Si vous sautez cette étape, vous risquez de voir votre vêtement final perdre une taille dès son premier passage en machine, et ça, c'est très rageant quand on a passé du temps à le coudre !

Ensuite, un bon repassage permet non seulement de retirer les plis de stockage, mais aussi de respecter la tension du tissage. Il est important de repasser le coupon de tissu dans le droit fil pour qu'il garde sa forme initiale. Un tissu repassé en biais ou à la va-vite peut se déformer, et fausser ensuite la coupe.

💡 Petit mémo en images (n'hésitez pas à aller relire mon précédent article pour plus de détails à ce sujet) :

📐 Mettre son tissu « au droit »

Quand vous achetez un tissu au mètre, il n'est pas toujours coupé parfaitement droit en boutique. Parfois, quand le tissu s'y prête, la coupe est faite à la déchirure, ce qui garantit une coupe le long d'un fil de trame et donc un coupon bien rectangulaire et des bords droits.
Mais très souvent, la coupe est faite aux ciseaux, parfois un peu de travers... Résultat : un coupon légèrement déformé, avec des bords obliques et un pli qui vrille. C’est là que les problèmes commencent !

Un tissu dont les bords ne sont pas coupés droits peut avoir de vraies conséquences pour votre projet :
→ un pli qui gondole, rendant la découpe difficile,
→ un droit fil décalé, sans que ce soit forcément visible à l'oeil nu,
= des coutures qui vrillent au porté, ou une jupe qui ne tombe jamais droit.

👇 Je vous montre ci-dessous la différence en images, avec une feuille quadrillée pour bien visualiser le problème :

• À gauche : un coupon bien "au droit" = un vrai rectangle avec 4 angles à 90° → le pli se fait très facilement, en suivant parfaitement le droit fil (quadrillage vertical sur la feuille).

• À droite : un coupon coupé légèrement de travers = forme trapèze → les angles n'étant plus à 90°, il est impossible de plier nettement le coupon en plaçant les lisières bord à bord. Le coupon gondole et des plis obliques apparaissent. Dans ce cas, on voit nettement sur le papier que le pli ne suit plus le droit fil.

Et pourtant, l’écart de découpe au départ n’était que de quelques millimètres...

N’hésitez pas à tester chez vous ! Vous verrez à quel point le moindre décalage peut déséquilibrer toute votre coupe, créer des plis obliques bien visibles et un défaut de droit fil.
Plier lisières contre lisières ne suffit donc pas toujours : une vérification s’impose !

Il existe trois principales méthodes pour remettre un tissu "au droit".

Choisissez votre méthode selon la matière de votre tissu, son tissage et sa solidité :

① Déchirer sur un fil de trame (image N°1 ci-dessous)

👉 Méthode rapide, idéale pour les tissus peu fragiles et tissés droits (toile de coton, popeline, chambray...).

• Faites une petite entaille dans la lisière, sous le bord du tissu.

• Tirez d’un coup sec : le tissu se déchirera le long d’un fil de trame, en ligne droite.

• Aplatissez ensuite au fer, pour lisser la bordure.

② Tirer un fil de trame (images N°2 et 3)

👉 Méthode plus fastidieuse, pour les tissus fins ou fragiles (viscose, soie, mousseline…)

• Entaillez légèrement le tissu, dans la lisière, sous le bord du tissu.

• Saisissez un fil de trame et tirez-le doucement : cela crée une ligne légèrement froncée, qui marque le trajet du fil de trame.

• Coupez proprement le long de cette ligne.

  💡 Si le fil casse, reprenez un fil juste en dessous, et continuez jusqu'à l'autre lisière.

③ Repérer les mailles sur les tissus tricotés -jersey- (image N°4)

👉 Ici, pas de trame : on se fie au sens des mailles.

• Dépliez votre tissu à plat.

• Observez les lignes verticales des mailles : elles indiquent le droit fil.

• Alignez-les soigneusement, en vérifiant qu’aucune torsion n’apparaît au pli.

• Ajustez le bord si besoin.

💬 Le conseil de la prof de couture : Si le tissu n'a pas été déchiré lors de la coupe, prenez toujours le temps de contrôler que vos bords sont bien perpendiculaires à la lisière. Une vérification simple, mais indispensable pour une coupe droite, un montage propre… et zéro mauvaise surprise au porté !

🧶 Repérer le sens du tissu

« Attention au sens du tissu avant de couper... »
C’est une consigne que l’on lit souvent sur les patrons de couture. Et quand on débute, avouons-le, cela peut paraître un peu mystérieux...
Mais savoir bien utiliser le sens du tissu, c’est ce qui vous permettra d’obtenir un vêtement harmonieux, bien coupé, et dont le tombé respecte le modèle imaginé.
Cela englobe en réalité trois notions distinctes :

• L'endroit et l'envers du tissu,

• Le sens des motifs ou du poil (dans le cas d’un velours, par exemple),

• Le sens de tissage, autrement dit : le droit fil.

Ces trois éléments doivent être pris en compte ensemble lors de la disposition de vos pièces de patron.

👉 Nous allons maintenant explorer ces trois notions essentielles, une à une, pour mieux comprendre comment elles influencent la coupe.

🎨 Le sens "endroit et envers" du tissu

Avant même de parler de droit fil ou de motifs, une étape essentielle est de bien repérer l’endroit et l’envers de votre tissu. Cela peut paraître facile… mais ne l’est pas toujours !

Commençons par les cas où il est indispensable de respecter un sens :

• Pour les tissus imprimés, pas de doute : l’endroit est celui où les couleurs sont les plus vives.

• Pour certains tissus comme la viscose, les cotons satinés ou les sergés, c'est la brillance qui peut différer légèrement entre endroit et envers. Ce n’est pas toujours flagrant à plat… mais cela se voit nettement une fois porté. Il serait dommage de coudre un pantalon avec une jambe brillante à la lumière et l'autre terne !
  💡 Astuce : parfois des petits "trous" restent visibles dans la lisière du tissu, traces des picots utilisés pour maintenir le tissu en place sur le métier à tisser. L'endroit du tissu est le côté où ces trous sont en relief, tandis que sur l'envers ils sont en creux.

Et maintenant les cas où vous pouvez choisir :

• Pour certaines toiles unies, il n’y a parfois aucune différence visible. Choisissez simplement le côté qui vous plaît le plus… mais restez cohérente sur toutes vos pièces !

• Pour les jerseys, l’endroit présente de fines mailles en « V », l’envers des bouclettes. À vous de voir ce que vous préférez montrer.

💬 Le conseil de la prof de couture : lorsque vous pliez le tissu pour y placer votre patron, pliez le plutôt endroit contre endroit. Cela permet d’avoir l’envers vers vous, idéal pour y reporter les crans, pinces ou repères sans risque de marques visibles sur l’endroit (surtout si vous utilisez un feutre ou stylo effaçable).

💡 Astuce pratique : une fois que vous avez choisi votre côté, marquez à la craie l’envers de chaque pièce avec une croix (ou un autre petit symbole de votre choix). Cela évite bien des erreurs ensuite au moment de l’assemblage 😉.

🌷 Le sens du motif

Cela semble évident, et pourtant… les erreurs sont fréquentes ! Il suffit qu’une pièce soit mal orientée – un col, un poignet, une ceinture, ou pire une jambe ! – pour que le motif apparaisse à l’envers sur le vêtement fini. D’où l’importance de rester vigilante.

• Les tissus à motifs (ex : animaux, personnages, fleurs...) ont parfois un haut et un bas. Pensez à bien observer votre motif avant de positionner votre patron et, si c'est le cas, orientez alors toutes les pièces dans le même sens pour éviter les surprises.

• Avec les velours, respectez toujours le sens du poil : il influe sur la brillance et la couleur. Passez la main sur le tissu : s’il est plus doux dans un sens, c’est celui du poil. Coupez toutes vos pièces dans la même direction !

• Les rayures et carreaux demandent une attention particulière : veillez à les orienter dans le même sens (à moins d'un effet de style voulu) et, pour un rendu harmonieux, pensez à faire coïncider les lignes au niveau des coutures (milieu devant ou dos, côtés, manches...).

💬 Le conseil de la prof de couture : pensez à faire vos raccords de motifs au niveau de la ligne de couture, et non pas de la ligne de coupe. Pensez donc à retirer (ou replier) la marge de couture lors de l’alignement, pour obtenir un résultat net après l'assemblage.

📏 Le sens du tissage : respecter le droit fil

Qu'est-ce que le droit fil ?

Le droit fil correspond au fil de chaîne, tendu sur le métier à tisser, et il est donc parallèle à la lisière. Il représente le sens "stable" du tissu, celui dans lequel il se déforme le moins.

✏️ Un petit schéma vaut mieux qu'un long discours :

💡 Astuce : Si la lisière n’est plus visible ou coupée, pas de panique : vous pouvez repérer le droit fil en tirant doucement sur le tissu dans différentes directions. Dans le droit fil, le tissu ne s’étire pas. Perpendiculairement, la trame est un peu plus souple. Et en biais (diagonale à 45°), il devient très extensible.

Pourquoi faut-il respecter le droit fil ?

• Pour un tombé fluide et régulier, tel qu'il a été prévu par le modéliste qui a construit le patron.

• Pour éviter que les pièces ne vrillent ou se déforment, au lavage ou au porté.

🧵 Anecdote d’atelier : une de mes élèves, à court de tissu, avait décidé de couper une jambe de pantalon légèrement en biais pour faire rentrer toutes ses pièces... Le résultat ? Une fois le pantalon terminé, le tissu formait une poche sous les fesses dès qu'elle se relevait après être restée assise. Le genre de petit détail qui gâche tout le confort (et l’élégance) du vêtement !

Comment faire concrètement ?

• Le droit fil est indiqué sur chaque pièce de patron par une flèche.

• Reproduisez-la bien lorsque vous décalquez le patron, et prolongez-la si besoin sur toute la longueur de la pièce, pour faciliter le positionnement.

• Positionnez la flèche du patron parallèlement à la lisière du tissu (ou au pli du tissu, si il est replié lisière sur lisière).

💬 Le conseil de la prof de couture : mesurez toujours la distance entre chaque extrémité de la flèche et la lisière : elle doit être identique de haut en bas.

C’est un petit geste, mais il fera une grande différence au porté !

✂️ Le sens du tissage : la coupe dans le biais

Parfois, les patrons vous indiquent de couper certaines pièces dans le biais. Mais que signifie exactement cette notion de biais, et pourquoi faut-il y accorder autant d’attention ?

Qu’est-ce que le biais ?

Le biais correspond à une coupe à 45 degrés par rapport au droit fil. C’est la diagonale du tissu, entre le fil de chaîne et la trame. C’est aussi le sens le plus extensible du tissu, même sur des matières non stretch. Cette extensibilité permet d’obtenir un effet plus fluide, plus souple, ou de mieux épouser certaines courbes.

Quand utilise-t-on volontairement des pièces coupées dans le biais ?

• 💃 Pour un tombé fluide et naturel : certaines pièces sont volontairement coupées dans le biais pour accentuer la fluidité et le mouvement : robes ou top drapés, volants, ou pans de jupe amples.
  💬 Le conseil de la prof de couture : pour les robes ou jupes coupées dans le biais, laissez reposer le vêtement cousu 24 à 48h sur un mannequin avant de faire l’ourlet, pour permettre au tissu de se stabiliser.

• 🌀 Pour épouser des courbes : le biais peut aussi être utilisé pour les finitions d'encolures ou emmanchures. Dans ces zones arrondies où un ourlet est impossible, on utilise souvent des bandes coupées dans le biais, qui permettent de suivre la courbe sans faire de plis ou de cassures.

Et quand le biais s’invite sans prévenir ?

Certaines découpes croisent le biais, sans que ce soit recherché : encolures en V, croisures de cache-cœur, découpes obliques… Ces zones sont particulièrement sensibles à l’étirement et doivent donc être traitées avec beaucoup d'attention, au risque de se retrouver avec un tissu qui gondole de manière très disgracieuse.

💬 Le conseil de la prof de couture : je vous conseille de stabiliser les bordures obliques dès la coupe, et avant toute couture d'assemblage ou de finition, avec :
- une piqûre de soutien à 2 mm de la future ligne de couture, dans la marge de couture ;
- ou une bande de thermocollant fin (ou stabilmanche), posée avant la couture.

Comment réussir sa coupe dans le biais ?

• ✂️ Coupez à plat avec précision, en épinglant bien la pièce de patron sur le tissu. Ne soulevez pas le tissu en coupant et, si besoin, stabilisez-le avec un papier de soie en dessous.

• 💨 Repassez -ou plutôt pressez, avec un mouvement vertical uniquement- très délicatement les pièces, à la vapeur, sans appuyer.

• ✋ Soutenez le tissu pendant la couture, surtout s’il est lourd ou glissant et, bien sûr, ne tirez jamais sur le tissu !

Avec un peu d'entraînement, une coupe en biais bien maîtrisée donne de magnifiques résultats… à condition de prendre ces quelques précautions. À vous les jupes qui tournent et les finitions impeccables !

🧩 Placer ses pièces de patron : méthode et bon sens

Votre tissu est prêt, et vous l'avez maintenant bien placé pour le couper :
✅ plié endroit contre endroit (envers vers vous pour y placer les repères),
✅ lisières bien bord à bord (l'assurance d'un pli bien dans le droit fil),
✅ motifs dans le bon sens (orientés vers le haut du vêtement)…

Il est temps maintenant de placer toutes vos pièces de patron sur le tissu. C’est une étape stratégique, qui conditionne à la fois la réussite du montage… et l’économie de tissu !

🔹 Commencer par placer les grandes pièces

Placez d’abord les éléments principaux du vêtement : devant, dos, manches…
Puis, répartissez les petites pièces (poches, parementures, ceinture…) dans les espaces libres, en faisant attention à toujours les orienter dans le même sens si votre tissu le nécessite.
💬 Le conseil de la prof de couture : pensez à garder un peu d'espace entre les pièces pour couper plus facilement et ajouter les marges de couture / ourlet si nécessaire.

🔹 Pièces à couper au pli

Certaines pièces symétriques sont représentées en demi sur le patron : elles doivent être coupées au pli du tissu pour former une pièce complète (souvent le dos et/ou le devant).
Elles sont généralement marquées d’un symbole avec double flèche ou de la mention “couper au pli”.
👉 Dans ce cas, veillez à aligner parfaitement la ligne du milieu (sans marge de couture) sur la pliure du tissu.

🔹 Pièces à couper en double (miroir)

C’est le cas des manches, jambes de pantalon ou certaines poches.
En les plaçant sur un tissu plié en deux, vous obtiendrez deux pièces en miroir : une droite et une gauche.
⚠️ Si vous les placez à plat sans pli, faites attention à retourner la pièce de patron à l'envers pour la 2e découpe, au risque sinon de vous retrouver avec deux jambes droites ou deux jambes gauches !

📍 Stabiliser les pièces et préparer une coupe nette

Tout est en place ? Parfait.
Mais avant de dégainer vos ciseaux, prenez encore un instant pour peaufiner votre installation.
Car une bonne coupe, ça commence aussi par une bonne préparation de l’espace de travail.
Voici mes conseils et outils pour gagner en précision et en confort, dès les premiers gestes.

Bien maintenir les pièces de patron sur le tissu :

• Utilisez des épingles adaptées à votre tissu : personnellement j'aime beaucoup les épingles à tête de verre (image N°1 ci-dessous). Elles sont faciles à attraper grâce à leur tête ronde, mais ne risquent pas de fondre sous le fer à repasser.
  Pour les tissus fins ou fragiles, j'utilise des épingles longues et extra fines (comme celles de l'image N°2 : Epingles Quilting Clover).
  Sans oublier l'indispensable "pelote" porte épingle, à porter autour du poignet pour ne pas les semer partout, surtout s'il y a des enfants -ou des petites pattes poilues 😸🐶- qui rodent !
  👉🏻 Lien de mon porte épingle Bohin (image N°2)

• Pour les tissus glissants ou extensibles, préférez les poids. Pas besoin d’investir dans du matériel spécifique coûteux : de simples rondelles de bricolage (comme celles de l'image N°3 : mes poids maison), ou encore de simples galets plats feront parfaitement l’affaire.

💬 Le conseil de la prof de couture : pour les tissus très fuyants (soie, viscose, mousseline), je vous recommande d'épingler votre tissu en sandwich entre du papier de soie en dessous, et le patron au dessus. Cela empêche le tissu de glisser pendant la coupe.

Travailler dans de bonnes conditions

Une surface bien plane et un environnement suffisamment lumineux sont essentiels.
L’idéal ? Une grande table à hauteur de taille (il existe maintenant des tables réglables en hauteur électriquement, c'est le must ! Je ne pourrais plus me passer de ma table Songmics- Image N°4).
Sinon, le sol reste une bonne option pour les grandes pièces (même si votre dos ne vous remerciera pas...).

💬 Le conseil de la prof de couture : après avoir coupé chaque pièce, épinglez un petit post-it avec le nom de la pièce dessus. Cela évite de devoir reconsulter le patron à chaque étape du montage !

📐 Marges de couture et ourlets : bien vérifier avant de couper

Avec ou sans marges ? C'est un détail qui peut tout changer au moment de l'assemblage...

Tous les patrons ne fonctionnent pas de la même manière

• Les patrons destinés aux débutants ou les patrons "loisirs" incluent souvent les marges de couture et d'ourlet, pour faciliter la prise en main.

• En revanche, les patrons de livres ou magazines (Burda, Fait Main…) ou les patrons plus experts n’incluent généralement pas les marges.

• C’est aussi le cas dans notre formation Coudre sa garde-robe, et c'est un choix pédagogique volontaire. Pourquoi ?
  Parce qu'il est essentiel de comprendre et maîtriser les marges, pour :
  - apprendre à les ajouter correctement et ne pas être perdue lorsque vous serez face à un patron sans marges incluses,
  - pouvoir choisir votre finition (surjet, couture anglaise, couture rabattue…),
  - et surtout pouvoir ajuster plus facilement le patron à votre morphologie.

💬 Le conseil de la prof de couture : notez directement sur les pièces du patron « marges Xcm incluses » ou « marges à ajouter », surtout si vous alternez entre différentes marques de patrons.

Pourquoi c’est si important ?

Une marge oubliée, et c’est tout le vêtement qui devient trop petit. Imaginez un haut avec une couture au milieu dos et deux coutures côtés. Si vous oubliez le centimètre de marge par couture, cela représente 6 cm sur tout le tour… soit plus d’une taille de moins !
Alors mieux vaut le vérifier avant de couper, que de s'en apercevoir en cours de montage… 😩

Quelles marges ajouter selon vos finitions ?

Voici quelques repères pour adapter vos marges à vos choix de couture :

• 0,7 cm : couture à la surjeteuse uniquement (pour les tissus extensibles)

• 1 cm : couture simple + surfilage (la plus courante)

• 1,5 cm : couture anglaise (👉🏻 voir notre tuto pour cette finition)

• 2 cm : couture rabattue (👉🏻 voir notre tuto pour cette finition)

• 3 à 5 cm : ourlet classique ou large (adapté aux robes, jupes...)

• Plus de 5 cm : pour un ourlet profond ou un effet esthétique particulier (robe chemise, trench, veste…)

💡 Astuce pratique : pour ajouter facilement et rapidement les marges de couture à un patron sans marges incluses, il existe des outils très pratiques comme ce petit aimant réglable, qui se place sur les ciseaux et permet de couper directement à la bonne distance.
👉🏻 Je vous ai montré son fonctionnement dans cette vidéo : voir sur Instagram.

✂️ La coupe : précision et méthode

Ça y est, c’est enfin l’instant décisif : la coupe !
Un moment important, car une coupe nette et précise, c’est un montage facilité et souvent un vêtement mieux fini. Alors prenez le temps de bien faire — vous gagnerez du temps ensuite !

Ciseaux ou cutter rotatif ?

• Les ciseaux de couture restent l’outil le plus utilisé. Choisissez-les bien affûtés et de bonne qualité (les marques Fiskars ou Kaï sont des valeurs sures par exemple).
  💬 Le conseil de la prof de couture : gardez toujours la lame inférieure des ciseaux "posée" contre la table, pour ne pas trop soulever le tissu. Cela assure une coupe régulière et empêche les déformations.
  Certains modèles ont même une lame inclinée pour rester naturellement en contact avec la table (comme par exemple les ciseaux Fiskars orange sur les images N°1-2 ci-dessous).

• Le cutter rotatif (image N°3), associé à une planche de découpe (sinon gare aux rayures sur votre table !), est idéal pour les tissus très fluides ou extensibles. Il permet une coupe précise et nette, sans faire bouger le tissu.

Marquage précis des repères

Une fois les contours des pièces découpés, avant de désépingler votre patron, pensez toujours à reporter sur votre tissu tous les repères du patron : crans de montage, lignes de plis, pinces, poches, emplacement de boutons, etc.
Il existe plusieurs outils pour marquer ces repères. Voici un petit tour d’horizon :

• Petits ciseaux de broderie (image N°4 ci-dessus) : le plus simple et rapide pour marquer des repères de montage dans la marge de couture, avec une simple incision ou des crans en forme de triangle. Mais faites bien attention à n'utiliser que la pointe des ciseaux (sur maximum 5 mm) pour ne pas trop vous rapprocher de la ligne de couture et risquer de fragiliser le tissu.

• Feutres effaçables (image N°5 ci-dessous) : précis et pratiques pour les repères à marquer à l'intérieur des pièces (poches, boutons, pinces...).
  Personnellement, j'utilise souvent les feutres de la marque Frixion, très pratiques pour les marquages temporaires, puisqu'il disparaissent avec la chaleur du fer à repasser.
  Ou encore de simples feutres ultra lavables pour enfants, lorsque j'ai besoin que les marques restent jusqu'à la fin de mon projet, en résistant au fer à repasser.
  ⚠️ Veillez à toujours tester sur une chute : l'encre peut parfois réapparaître au froid ou laisser des traces sur certains tissus très clairs ou très foncés.

• Craies tailleur (image N°6) : peu couteuses et visibles sur la plupart des tissus, elles existent même en format criterium pour des marquages précis.

  💡Astuce maison : vous pouvez aussi remplacer la craie tailleur traditionnelle en récupérant de simples chutes de savonnette. Gratuit, écolo et très efficace pour les tissus foncés, sans crainte de laisser des traces au lavage !

• Roulette + papier carbone pour tissu (images N°7 et 8) : le combo idéal pour reproduire des lignes sur les deux épaisseurs en même temps.
  Pour cela, positionnez une feuille de papier carbone dessous et une autre dessus (entre le tissu et le patron), en veillant à mettre la partie la plus colorée du papier carbone (celle qui comporte la "craie") contre votre tissu. En passant la roulette sur la ligne que vous voulez reporter, la couleur du papier carbone se transférera sur votre tissu.
  ⚠️ Pensez bien à protéger votre table avec un tapis de découpe ou un carton car la roulette laisse des traces !
  👉🏻 Je vous ai montré comment les utiliser dans cette vidéo : voir sur Instagram.

✅ Une check-list à télécharger… pour ne rien oublier avant de couper !

Avant de sortir vos ciseaux ou votre cutter, faites une pause, et vérifiez que vous n'avez rien oublié. Tant que ce n'est pas coupé, tout est réparable... mais après pas forcément !
Cette étape est cruciale : une coupe bien préparée, c’est un vêtement bien cousu (et moins de décousage ensuite !).

Comme je suis consciente que cela fait beaucoup de choses à penser (je l'ai réalisé en écrivant cet article !), je vous ai préparé une check-list toute prête, à télécharger : vous pourrez l’imprimer et l’afficher juste au-dessus de votre table de coupe, pour garder un œil sur toutes les vérifications à faire avant de passer à l’action.

💡 Elle reprend toutes les étapes vues dans cet article : lavage, mise au droit, positionnement du patron, marges, repères… Bref, le petit pense-bête indispensable pour éviter les oublis de dernière minute.

👉 Recevez-la par email en suivant ce lien :

🧵 Tadam ! Vous voilà prête à couper !

Vous l’aurez compris : couper un tissu, ce n’est pas juste “suivre les contours du patron”. C’est tout un art...
C’est prendre le temps de poser les bases, d’observer le tissu, de faire les bons choix, avec précision et confiance. C’est déjà le début de la création.

Et cette étape n’est pas anodine : elle conditionne tout le reste. Des pièces bien coupées, c’est un vêtement plus facile à monter, mieux ajusté, plus agréable à porter. C’est aussi un projet qu’on mène avec sérénité, du début à la fin.

On a toutes connu ce moment de solitude face à un tissu mal orienté, un motif tête en bas ou une jambe de pantalon coupée à l’envers (oui, même moi... team tête en l'air ici 😅). C’est normal, ça fait partie du processus. L’essentiel, c’est de comprendre pourquoi — et de progresser à chaque projet.

En appliquant les bons réflexes que nous avons vus ensemble dans cet article, vous gagnerez en précision, en assurance… et en plaisir ! Car c’est là que commence la magie de la couture ✨

Vous voilà maintenant prête à passer à la suite : faire chauffer la machine et commencer à coudre vos vêtements.
Mais peut-être hésitez-vous encore à franchir le pas ? Peut-être avez-vous déjà tenté un projet… sans le terminer, ou en étant déçue du résultat ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seule. Beaucoup de femmes passent par là.

Dans le prochain article, je vous partagerai mes meilleurs conseils pour bien débuter la couture de vos vêtements.
Comment choisir un premier patron adapté ? Quels tissus privilégier (ou éviter) ? Comment progresser sans se décourager, et surtout comment apprendre à se faire confiance, pas à pas.

Parce que coudre ses vêtements, c’est bien plus que manier une machine : c’est se reconnecter à ses envies, créer de ses mains une garde-robe qui nous ressemble… et ça, c’est une aventure qui mérite d’être bien commencée 😍

💬 Et vous, avez-vous déjà vécu une mésaventure au moment de couper ? Un motif mal orienté ? Une pièce oubliée ? Ou au contraire, un moment de satisfaction totale quand tout s’aligne parfaitement ?
Partagez vos anecdotes, vos ratés ou vos petites victoires en commentaire ci-dessous : vos retours nourrissent la communauté… et m’aident à vous proposer toujours plus de contenu utile.