Comment choisir la bonne taille de patron et ajuster un modèle à sa morphologie

Vous est-il déjà arrivé de passer des heures à coudre un vêtement… pour découvrir au moment de l’essayage qu’il ne ferme pas ? 😅
Ou encore de ne pas savoir quelle taille choisir lorsque vos mensurations ne rentrent pas dans une seule colonne du tableau : un 42 en haut, un 46 en bas ?
Rassurez-vous : vous n’êtes pas la seule à être perdue face aux tableaux de tailles, et cela n’a rien d’une fatalité. Ce n’est pas votre corps qui “ne va pas”, c’est simplement une question de choix de la taille et d’ajustement du patron.

Dans notre précédent article, nous avons vu comment bien prendre ses mesures (si vous ne l’avez pas encore lu, commencez par le découvrir ici). Si vous avez suivi cette méthode, vos mensurations sont désormais notées sur la fiche “Bien prendre ses mesures” (fiche à télécharger gratuitement ici). 👉 C'est la première étape, clé pour coudre des vêtements qui vous vont vraiment.

Mais ensuite, avant de sortir vos ciseaux, il reste un moment tout aussi décisif : choisir la bonne taille à coudre.
C’est ce qui fera toute la différence entre un vêtement qui tombe parfaitement… et un autre que l’on ne portera jamais.
Un bon choix de taille conditionne non seulement le confort, mais aussi l’allure du vêtement : trop grand, il flotte et perd sa ligne ; trop petit, il tiraille et gêne les mouvements. Et comme peu d’entre nous entrent exactement dans les “tailles standards”, il est souvent nécessaire d’ajuster légèrement le patron à sa morphologie.

Dans cet article, je vais vous guider pas à pas pour comprendre la logique du choix de la taille en couture, apprendre à lire les tableaux de mensurations, décoder la notion d’aisance et adapter le patron lorsque vos mesures ne correspondent pas exactement à une taille “standard”.
Avec quelques repères simples, tout deviendra plus clair. Et surtout, vos vêtements tomberont mieux, seront plus agréables à porter et mettront mieux votre silhouette en valeur.

Pour illustrer ces principes de façon concrète, nous prendrons comme fil conducteur notre dernier patron, le top Rêveuse : un modèle féminin et élégant, avec des manches chauve-souris et deux options d’encolure. Ce patron propose un large éventail de tailles (du 34 au 58), ainsi que deux statures (1,60 m et 1,68 m). De quoi s’adapter à toutes les morphologies… à condition de faire les bons choix de taille ! C’est précisément ce que nous allons explorer ensemble dans cet article.

✍️ Reporter ses mesures dans le tableau du patron

Avec vos mensurations en main, voyons maintenant comment les reporter sur le tableau du patron, pour choisir la taille qui vous conviendra le mieux.

Qu’est-ce qu’un tableau de mensurations et à quoi sert-il ?

Pour créer un patron, le modéliste s’appuie sur une grille complète de mesures corporelles, qui peut aller jusqu'à 40 mesures différentes ! Tour de poitrine, taille, bassin, carrure, longueur de bras, inclinaison et longueur d'épaule, hauteur de buste, écart de poitrine, etc... autant de données qui évoluent d’une taille à l’autre (et parfois aussi selon la stature), afin de construire une gamme cohérente.

Mais lorsqu’un patron est diffusé, le tableau des tailles ne communique que les mensurations clés : celles qui vous permettent de choisir la taille à coudre. En général : le tour de poitrine, le tour de taille, le tour de bassin et la stature.
Certains modèles précisent aussi une mesure complémentaire, comme le tour de bras pour un top ajusté ou encore la longueur de jambe pour un pantalon.

ℹ️ Les tableaux de mensurations correspondent toujours à vos mesures corporelles réelles, sans aisance. Vous pouvez donc les comparer directement aux valeurs relevées sur vous.

Où trouver le tableau de mensurations sur un patron de couture ?

Le tableau de mensurations est toujours fourni avec le patron, encore faut-il savoir où le chercher 😉 :

• Sur un patron PDF indépendant, il figure souvent dans le livret d’instructions ou sur la page produit du site.

• Pour un patron papier, regardez au dos de l’enveloppe ou dans le livret fourni.

• Et pour un magazine ou un livre, il se trouve généralement au début du volume ou dans une page récapitulative à la fin.

💡 Le conseil de la prof de couture : vérifiez que vous consultez le bon tableau, car certains éditeurs proposent plusieurs grilles selon la gamme (femme, homme, enfant, grandes tailles…). Et même si vous avez déjà cousu un autre patron de la même marque, vérifiez toujours le tableau, car il peut parfois changer dans le temps !

Comment comparer vos mesures à celles du patron ?

Munissez-vous de votre fiche “Bien prendre ses mesures” et du tableau de mensurations fourni avec le patron.
Commencez par reporter vos principales valeurs : tour de poitrine, tour de taille, tour de bassin (aussi appelé tour de grandes hanches)… sans oublier la stature, souvent négligée, mais essentielle pour éviter les mauvaises surprises (pantalon trop court, manches trop longues...)

💡 Astuce pratique : Entourez dans le tableau les valeurs correspondant à vos mesures, ou placez un petit repère entre deux colonnes si vous êtes “entre deux tailles”. Cette méthode simple vous aidera à visualiser en un coup d’œil si vous entrez dans une seule taille ou si un ajustement sera nécessaire.

Que faire une fois la taille repérée ?

Parfois, comme pour Marie ci-dessous, c’est une bonne surprise : toutes ses mensurations tombent dans une seule colonne du tableau. Autrement dit, ses mesures de poitrine, de taille et de bassin correspondent toutes à la même taille. C’est le cas le plus simple (mais, spoiler : assez rare 😉). Dans ce cas, Marie pourra décalquer directement cette taille 44 et passer à la suite.

Mais attention : cela ne garantit pas un tombé parfait pour autant !
Au-delà des tours de poitrine, taille ou bassin, d’autres mesures interviennent dans la construction d’un patron - hauteur de poitrine, longueur de bras, tour de mollet… - et elles peuvent varier d’une personne à l’autre.

💡 Le conseil de la prof de couture : même si tout semble coller au tableau, prenez le temps de mesurer directement sur le patron les zones sensibles et de les comparer à vos mesures corporelles. En particulier si le modèle est ajusté ou si vous avez une particularité morphologique (on les connaît toutes, ces zones qui posent problème dans le prêt-à-porter !).
Et en cas de doute, ou si vous débutez, réalisez une toile rapide : c’est le meilleur moyen d’éviter les mauvaises surprises et d’économiser un beau tissu.

Et si vos mesures se retrouvent dans plusieurs colonnes ?
Rassurez-vous, c’est tout à fait normal : peu d’entre nous rentrent dans les cases (ou plutôt, les colonnes !) des tailles standard. La plupart des femmes se situent entre deux tailles sur une ou plusieurs mesures, ou présentent des écarts entre le haut et le bas du corps. C’est précisément ce que nous allons explorer dans la suite de l’article : comprendre la notion d’aisance et apprendre à choisir intelligemment entre deux tailles… sans stress ni approximations.

🔎 Comprendre la notion d’aisance en couture : la clé pour choisir entre deux tailles

Vous avez reporté vos mensurations sur le tableau du patron, et là… c’est le dilemme : vous êtes pile entre deux tailles.
Prenons un exemple concret sur notre top Rêveuse : la taille 44 correspond à un tour de poitrine de 101 cm et la taille 46 à 105 cm. Si le tour de poitrine de Céline est de 103 cm, laquelle doit-elle choisir ?
C’est là qu’intervient une notion essentielle, souvent méconnue quand on débute en couture : l’aisance.

Qu’est-ce que l’aisance et pourquoi est-elle déterminante ?

L’aisance, c’est tout simplement l’espace que le modéliste ajoute aux mensurations du corps, pour permettre au vêtement d’être confortable et mobile. Sans elle, impossible de respirer profondément, bouger librement ou lever les bras, sans sentir le tissu tirer.
En d’autres termes :

Mensurations du corps + Aisance = Mesures du vêtement fini
ou encore : Aisance = Mesures du vêtement fini – Mensurations du corps

C’est grâce à cette aisance ajoutée que votre vêtement ne colle pas au corps, reste agréable à porter et conserve sa jolie ligne, sans se déformer à chaque mouvement. L’objectif est d’obtenir ce juste équilibre entre confort et maintien.

🧵 L’astuce pro : avant de couper votre tissu, vérifiez toujours quelle est l’aisance prévue sur le patron : cela vous évitera de mauvaises surprises au moment de l’essayage.

Quelle aisance pour quel vêtement ?

Il n'y a pas de règle absolue. C'est une décision du modéliste, qui dépend de plusieurs facteurs :

• le type de vêtement : un top porté à même le corps n'aura pas la même aisance qu'un manteau à porter sur un pull,

• le tissu utilisé : suivant son épaisseur et son élasticité, l'aisance nécessaire ne sera pas la même (elle peut même être négative pour les tissus extensibles),

• le style recherché : l'aisance sera différente pour un modèle près du corps, structuré, fluide ou "loose".

Il existe des aisances minimales, en dessous desquelles le vêtement est inconfortable (par exemple 4-6 cm à la poitrine pour un top sans manches, plutôt 8-10 cm pour un top ou une robe avec manches).
Mais il n'y a pas vraiment de maximum : on peut aller jusqu’à 30cm, voire plus pour un manteau, afin de pouvoir le porter sur plusieurs couches.

D'autre part, l’aisance n’est pas toujours la même sur tout le patron : une robe ajustée à la poitrine peut ensuite s’évaser en trapèze, offrant une grande liberté de mouvement au niveau des hanches.
C’est ce savant jeu de proportions qui donne au vêtement sa structure et son allure.

✂️ Anecdote d’atelier : Lorsque j'ai conçu le top Rêveuse, j'ai testé plusieurs niveaux d’aisance avant de trouver le bon équilibre : assez d’ampleur pour que les manches chauve-souris tombent joliment, sans que le buste paraisse trop large.
C’est ce travail d’ajustement qui fait toute la différence entre un vêtement simplement “portable” et un vêtement que l’on adore porter.

Comment connaître l’aisance d’un modèle ?

C’est là que les choses se corsent un peu !

Sur les livres ou magazines de couture, elle est rarement indiquée, car un seul tableau de mensurations est souvent utilisé pour tous les modèles, même s’ils n’ont pas la même coupe et donc pas la même aisance.

En revanche, sur les patrons indépendants, elle est souvent indiquée pour vous aider à mieux choisir votre taille.
Elle peut se présenter de deux manières :

• une mention chiffrée d’aisance ajoutée à la description du modèle (à ne pas confondre avec la marge de couture, qui est là pour permettre l'assemblage de 2 pièces).

• ou sous la forme d’un tableau des mesures du vêtement fini (poitrine, taille, hanches, longueur, etc.)

Pour calculer l’aisance, il vous suffit donc de soustraire vos mesures corporelles aux mesures du vêtement fini.

Exemple :
Tour de poitrine du vêtement fini : 104 cm
Votre tour de poitrine : 99 cm
Aisance = 104 – 99 = 5 cm

💡 Le conseil de la prof de couture : Vérifiez toujours que vous lisez bien le bon tableau : ne confondez pas les mesures vêtement fini et les mensurations corporelles. C’est une erreur fréquente, surtout quand les deux apparaissent dans la même fiche !

👉 Exemple extrait du livret d'instructions du patron Rêveuse avec tableaux des mensurations, aisances et mesures du vêtement fini :

Comment utiliser l’aisance pour choisir entre deux tailles ?

L’aisance va pouvoir vous aider à trancher quand vous hésitez entre deux tailles (comme dans l'exemple de Céline qui était entre le 44 et le 46 sur le tableau de mensurations).
Si l’aisance prévue est importante, vous pouvez souvent opter pour la taille inférieure, surtout si vous aimez les vêtements ajustés.
À l’inverse, si l’aisance est faible ou moyenne, mieux vaut choisir la taille supérieure, pour garantir le confort.

💡 Le conseil de la prof de couture : si vous avez du mal à évaluer si l'aisance est suffisante ou non, n'hésitez pas à faire le test sur vous ! Prenez un mètre ruban, positionnez-le autour de votre corps à la mesure du vêtement fini (donc vos mensurations + aisance). Vous verrez immédiatement si cette ampleur vous semble suffisante pour bouger, respirer et vous sentir bien dans votre vêtement.

👉🏻 Dans l'exemple N°2 de Céline : je couperais donc la taille 44.

En effet, ce modèle “loose” a des manches chauve-souris (très amples à la poitrine) et n’est pas cintré. L’aisance est importante à la taille (22,5 cm) et confortable au bassin (8 cm).
Le vêtement fini en T44 mesure donc 108,5 cm à la taille, ce qui sera largement suffisant pour son tour de taille de 89 cm.
Et il mesurera 116,5 cm au bassin, ce qui sera encore bien pour son besoin de 110 cm.

Que faire si l’aisance n’est pas précisée sur le patron ?

Pas de panique : vous pouvez la calculer vous-même en mesurant directement sur le patron :

1. Repérez les lignes de poitrine, taille et bassin (souvent indiquées sur le patron ou repérables grâce aux crans ou à la position des pinces).

2. Mesurez ces lignes sur le demi-devant et le demi-dos.

3. Pensez à retirer les marges de couture si elles sont incluses.

4. Multipliez par deux pour obtenir la mesure totale du tour.

5. et comparez le tout à vos mensurations : vous saurez ainsi combien d’aisance le modèle contient pour vous.

💡 Le conseil de la prof de couture : Faire les mesures soi-même sur le patron est un excellent exercice pour mieux comprendre la logique du patronage. C'est le choix pédagogique que nous avons fait dans la formation Coudre sa Garde-Robe où, pour chaque modèle, nous vous expliquons comment vérifier vos mesures directement sur le patron, plutôt que dans un tableau. C'est plus concret et vous permet d'affiner votre œil de couturière.
Vous verrez qu’après l’avoir fait quelques fois, vous saurez “sentir” en un coup d’œil si un modèle est ajusté ou non suivant votre morphologie.

👗 Comment choisir entre deux tailles d'un patron ?

Maintenant que vous comprenez le rôle de l’aisance, il devient plus simple de choisir entre deux tailles…
Mais il reste une autre situation très fréquente : vos mensurations n’appartiennent pas toutes à la même colonne du tableau. Par exemple un 44 à la poitrine, un 48 à la taille, un 46 au bassin : un grand classique !

❌ Et non, la solution n’est pas simplement de prendre la plus grande taille pour être "sûre que tout passe".
Ce réflexe aboutit souvent à un vêtement trop large là où il ne devrait pas l’être, et qui perd toute sa tenue.

La bonne approche consiste à choisir tout d’abord une taille de base (en fonction de la poitrine, la taille ou le bassin, suivant le type de vêtement). Puis ensuite on ajustera les autres lignes si nécessaire, en vérifiant les aisances prévues sur chaque ligne.

Quelle mesure privilégier selon le type de vêtement ?

Chaque type de vêtement s’appuie sur une zone clé du corps :

• Pour un haut, une robe ou une veste, on basera le choix de taille sur le tour de poitrine en priorité, car c'est lui qui détermine toute la structure du haut du vêtement : largeur à la poitrine bien sûr, mais aussi carrure, emmanchure, épaules, encolure…

• Pour une jupe ou un pantalon ajusté, on choisit d’après le tour de bassin, pour garantir un tombé net et un bon confort à l’assise.

• Pour une jupe ample ou un pantalon large, mieux vaut se référer au tour de taille, puisque le vêtement flotte autour du bassin, mais doit être ajusté à la taille pour ne pas glisser.

💡 Le conseil de la prof de couture : partir de la bonne mesure de référence, c’est s’assurer que la base du vêtement — celle qui structure la coupe — sera bien ajustée. Ensuite, à partir de cette base, on pourra faire une gradation sur les autres lignes.

Vérifier l’aisance des autres lignes et ajuster si besoin

Une fois la taille de base choisie, il faut ensuite s’assurer que les deux autres lignes du patron offrent assez d’aisance pour vos mesures.
Autrement dit, avant de tracer entre plusieurs tailles, prenez le temps de vérifier quelles sont les marges de confort prévues, car il se peut qu'elle suffisent déjà à accueillir vos mensurations.

➡️ Si l’aisance est suffisante, inutile de modifier : restez sur la taille de base.
➡️ Si elle est trop faible, il sera alors nécessaire d’effectuer une gradation, c’est-à-dire relier les tailles entre elles pour redonner au vêtement le confort et la fluidité souhaités.

💡 Le bon réflexe : comparez toujours vos mesures aux mesures du vêtement fini (ou mesurez directement sur le patron si elles ne sont pas indiquées). Vous saurez tout de suite si le vêtement risque d’être trop serré ou trop ample sur certaines zones.

👉🏻 Prenons un exemple concret : ajustons le top Rêveuse pour Sophie

Le top Rêveuse étant un haut, on prendra comme base pour le haut du patron la taille 44 (taille adaptée à la poitrine).
Cela évitera que le top soit trop large au niveau de l'encolure ou de la carrure, ce qui déséquilibrerait la silhouette.

Ensuite, on vérifiera quelles sont les aisances prévues au niveau de la taille et du bassin :

• Dans notre taille de base en 44, le vêtement fini mesure 108,5 cm à la taille (soit 86 cm + 22,5 cm d’aisance car le modèle n'est pas cintré) → c'est donc encore largement suffisant pour la taille de Sophie qui mesure 96 cm (il lui restera 12,5 cm d'aisance).

• Au bassin, la mesure vêtement fini du 44 est de 116,5 cm (108,5 cm + 8 cm d’aisance) → suffisante pour le bassin de Sophie de 114 cm, mais plus ajusté que prévu (il ne resterait que 2,5 cm d'aisance, ce qui est presque moulant).

👉🏻 Résultat : la taille 44 reste possible, mais si elle souhaite conserver le tombé ample d'origine du modèle, Sophie pourra effectuer une gradation douce depuis le 44 pour rejoindre le 46 au bas du vêtement.

Comment tracer la transition entre deux tailles ?

Lorsque vos mesures se situent sur plusieurs tailles, il suffit de retravailler les lignes de contour du patron, à l’aide de règles de modélisme.
👉🏻 Pour cela, équipez-vous d'un bon matériel, qui pourra vous accompagner pour tous vos tracés et ajustements :

• l'indispensable pour tracer des courbes harmonieuses : le pistolet (aussi appelé perroquet). Je vous conseille ce modèle de Graphoplex*, à la fois pratique, précis et solide. Sa matière et sa transparence vous permettront de marquer facilement au crayon des repères pour reproduire vos courbes sur le devant et le dos.

• une grande équerre : pour tracer les lignes perpendiculairement au droit fil. L'équerre Graphoplex* dans l'image ci-dessous est très pratique pour des angles droits précis, grâce à ses lignes de repères internes.

• une grande règle japonaise* de 50 cm minimum, pour ajouter ou enlever facilement les marges de couture, tracer les lignes droites...

• optionnel : la grande règle courbe tailleur* peut aussi s'avérer utile pour les tracés des pièces plus longues (par ex. les pantalons)

Reliez les lignes des tailles correspondant à vos mesures (dans notre exemple, de la taille 44 à la poitrine vers la taille 46 au bassin).
À l’aide de votre pistolet, tracez une nouvelle ligne courbe qui passe en douceur d’une taille à l’autre. Il est souvent nécessaire de tracer cette courbe en deux fois (voir images ci-dessous).

🧵 L’astuce pro : évitez les cassures ou les angles brusques : ils se traduisent à la couture par des “becs” peu esthétiques. Un tracé fluide avec une courbe douce donnera toujours un tombé plus naturel et plus professionnel.

💡 Le conseil de la prof de couture : pensez à effectuer le même ajustement sur le devant et le dos !
Pour que les deux pièces se cousent bien ensemble, veillez à reproduire la même courbe sur le devant et le dos. Pour cela, prenez un repère sur votre pistolet lorsque vous tracez la courbe du devant et retournez-le à l'envers pour tracer la même courbe - inversée - pour le dos.

Et surtout, n’oubliez pas : ce travail d’ajustement n’a rien d’un “bidouillage”.
C’est au contraire l’un des gestes les plus précis et gratifiants de la couture : celui qui transforme un patron “standard” en vêtement parfaitement adapté à VOTRE corps.

✂️ Adapter à sa stature : ajuster les hauteurs d’un patron

Après avoir choisi la bonne taille en largeur, reste un autre paramètre essentiel pour un tombé parfait : la hauteur du vêtement. C’est une étape souvent négligée, et pourtant… une stature mal adaptée peut suffire à fausser toutes vos proportions.

Pourquoi la stature est essentielle pour un bon tombé ?

Un vêtement peut être parfaitement ajusté en tour de poitrine, de taille ou de bassin, mais tomber mal simplement parce que la hauteur n’est pas adaptée à votre morphologie :

• les pinces n’arrivent pas au bon endroit,

• la taille du vêtement remonte ou descend par rapport à votre taille naturelle,

• les emmanchures tiraillent ou gênent vos mouvements,

• ou la ligne de genou d’un pantalon se retrouve trop haute ou trop basse.

Bref : la stature, c’est ce qui garantit que la coupe du vêtement épouse correctement votre silhouette dans sa verticalité.

Choisir la stature la plus adaptée à votre morphologie

Certains patrons, comme le top Rêveuse, sont proposés en deux statures (1,60 m et 1,68 m) : il suffit alors de choisir selon votre taille réelle. Si vous mesurez moins d’1,64 m, optez pour la version “petite stature”, au-delà pour la “standard”.
Lorsqu’un patron ne propose qu’une seule stature (souvent prévue pour 1,68 m), comparez vos propres mesures verticales (longueur de buste, de bras ou de jambe) avec celles du patron. Un écart supérieur à 2 cm justifie un petit ajustement pour que les repères tombent juste.

💡 Le conseil de la prof de couture : ne cherchez pas à “compenser” votre stature en changeant de taille ! Car la taille agit sur la largeur du vêtement, pas sur sa hauteur.

Où et comment modifier la hauteur d’un patron ?

Rallonger ou raccourcir le vêtement à l’ourlet semble la solution la plus simple, mais ce n’est pas toujours la bonne.
Cela peut fonctionner sur un vêtement ample (robe trapèze, pantalon fluide) mais pas sur un vêtement structuré, comme une robe ajustée, ou un pantalon près du corps : cela risquerait de déplacer les volumes et de déséquilibrer toute la coupe.

👉 La bonne méthode consiste à intervenir au niveau des lignes de construction prévues à cet effet :

• ligne de poitrine et taille pour un top ou une robe

• ligne de bassin et de genou pour un pantalon

• ou ligne de coude pour les manches.

Ainsi, la silhouette reste proportionnée et la ligne du vêtement garde toute sa cohérence.

Pour aller plus loin...

Les ajustements en hauteur demandent un peu de méthode et d’expérience, surtout sur les vêtements structurés comme les pantalons ou les robes ajustées.
C’est pourquoi, dans notre formation Coudre sa garde-robe, nous les abordons pas à pas, avec des exercices concrets.
Par exemple, dans le module du pantalon Nankin (N°8), nos élèves apprennent à ajuster les largeurs du pantalon et de sa ceinture, mais aussi la longueur de jambe et la hauteur taille-bassin pour obtenir un pantalon parfaitement “sur mesure”, sans déséquilibrer la coupe d’origine.

✅ Vérifier les autres mesures et réaliser une toile test

Avant de couper votre tissu final, prenez le temps de contrôler vos autres mesures clés : hauteur de poitrine, longueur de bras ou de jambe, enfourchure, tour de biceps ou de cuisse… Ces vérifications sont particulièrement importantes sur les modèles près du corps, où chaque centimètre compte pour le confort et le tombé.

Réaliser une toile reste la manière la plus sûre de valider vos choix avant de coudre dans votre tissu définitif. Deux approches sont possibles :

• Toile rapide avec un tissu de récup' ou du calicot : vous montez uniquement les pièces principales, sans détails ni finitions, pour vérifier rapidement la taille et les ajustements. Vous pouvez même choisir de simplement bâtir ou épingler les pinces pour les ajuster plus facilement à votre corps ensuite. Avantage : c'est peu coûteux et très rapide pour vérifier la taille et le tombé sans y passer des heures, mais ce vêtement ne sera pas portable.

• Essai en tissu économique proche du tissu final (unis ou fins de stocks à chiner pendant les soldes ou sur les marchés) : le vêtement pourra être porté si la coupe est satisfaisante et cela vous permet de vous entraîner aussi aux finitions (surpiqûres, fermetures, poches…) avant de passer au tissu principal.

💡 Le conseil de la prof de couture : quel que soit votre choix, privilégiez un tissu qui se rapproche le plus possible du tissu final en termes de fluidité, épaisseur et élasticité. Cela garantit que les ajustements que vous faites sur la toile seront fidèles au résultat final.

Le mot de la fin... passer de la théorie à la pratique

Vous l’aurez compris : prendre ses mesures, les comparer à celles du patron, comprendre l’aisance, savoir jongler entre les tailles et ajuster les hauteurs... sont autant de notions essentielles pour coudre des vêtements qui vous vont vraiment.
C’est précisément ce qui distingue la couture sur-mesure du prêt-à-porter : la possibilité de créer des vêtements qui vous vont réellement, à votre corps et à votre style, même si vous ne correspondez pas tout à fait aux “standards”.

Cet article vous donne les bases et vous explique la logique pour aborder ces ajustements avec méthode… mais la vraie maîtrise vient en passant à l’action ! C’est en manipulant les patrons, en testant vos choix sur vos tissus, et en observant concrètement comment un vêtement tombe sur votre corps que vous intégrerez pleinement ces principes et gagnerez en assurance.

👉 Pour aller plus loin et transformer ces premières notions en véritable savoir-faire, je vous invite à rejoindre notre formation en ligne Coudre sa garde-robe.
Vous y apprendrez à maîtriser les techniques d’ajustements pour tous types de vêtements (robes, jupes, pantalons, tops, vestes...), à travers des exemples concrets.
Et vous bénéficierez d’un accompagnement personnalisé : je mets un point d'honneur à répondre à toutes les questions, j’aide chaque élève qui en a besoin à adapter les modèles à sa morphologie, car chaque corps est unique et mérite un ajustement sur mesure !

Cette formation vous donnera la confiance nécessaire pour créer enfin une garde-robe qui vous ressemble vraiment : confortable, élégante et parfaitement adaptée à votre silhouette.
Ne laissez pas ces connaissances rester théoriques : passez à la pratique et voyez vos vêtements prendre vie exactement comme vous le souhaitez.

RDV dans le prochain article, pour créer ensemble un patron de A à Z !

Et pour continuer cette aventure, je vous donne rendez-vous dans mon prochain article, où je vous raconterai l’envers du décor de la création d’un patron. Je vous y dévoilerai les coulisses du travail minutieux de modéliste : du premier croquis au patron final dans sa jolie pochette : les choix, les essais, les ajustements... et toutes ces étapes et petits secrets de conception que l’on ne soupçonne pas, mais qui font toute la différence sur le tombé et le confort d’un vêtement.
Une belle occasion de découvrir comment un modèle prend vie… avant même de le coudre vous-même !

A bientôt !

Séverine - Les Serial Couseuses